Les experts financiers sont-ils malhonnêtes ?
Cette question récurrente méritait une réponse. Après un krach boursier, il est fréquent d’évoquer la fameuse théorie du complot. Cette suspicion est d’ailleurs exacerbée par les nombreux scandales qui ont écorné l’image du monde financier ces dernières années (affaires Enron, Parmalat, Madoff, etc.). Certains analystes financiers et cabinets d’audit y ont d’ailleurs été étroitement liés. Peut-on dès lors se fier à leurs recommandations ?
A la suite du krach de mars 2000, de nombreuses plaintes contre les banques ont été déposées par des actionnaires du monde entier (les procès les plus importants ont eu lieu aux États-Unis). Selon ces actionnaires, les banques les avaient volontairement incités à acheter des actions.
Il est vrai qu’une poignée d’analystes viole délibérément la loi et induit en erreur les investisseurs. Toutefois, ces analystes prennent le risque de voir leur réputation ternie et leur fonds de commerce réduit à néant.
Un analyste financier vaut avant tout par sa réputation. Les analystes financiers sont dans leur grande majorité intègres et le problème se situe avant tout au niveau des compétences : un analyste est formé pour évaluer au mieux la véritable valeur d’un actif financier. Par contre, il ne dispose pas toujours de toutes les informations nécessaires et ignore souvent d’autres aspects extrêmement importants, par exemple la dimension psychologique qui joue un rôle clé sur les marchés financiers.
Comme en mars 2000, la grande majorité des analystes financiers avait émis des recommandations d’achat. Rares sont ceux qui avaient « anticipé » ce retournement brutal malgré de nombreux signes avant-coureurs. Cette situation peut s’expliquer par le rôle déterminant des émotions qui prennent le dessus sur la rationalité lors des périodes d’euphorie ou de panique.
Ainsi, les analystes financiers ne sont pas immunisés et sont également victimes des biais psychologiques. Leur métier exige une performance de tous les instants, avec la nécessité d’émettre des recommandations ou d’en changer sur une base quotidienne. Ils sont donc pris dans le piège de la versatilité des cours boursiers et sont fortement influencés par les recommandations d’autres analystes financiers qui sont aussi leurs concurrents.
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